Entre nous, ça vaut le détour !

J’ai testé pour toi :

le jeu de peindre

d’après l’expérience d’Arno Stern*.

 

Une heure trente sans jugement, sans compétition, sans pression. Un temps suspendu dans un lieu protégé, une oasis intergénérationnelle, à l’abri de la frénésie.

 

Bienvenue à l’atelier L’Où Jeu Peins.

23 avril 2019, dans son joli local aux Gratte-Ciel à Villeurbanne, Vanessa m’accueille tout en douceur pour un stage de 3 jours.

Mon petit groupe est déjà à l’œuvre, presque au complet, dans un calme olympien. Nous sommes une dizaine dans le petit atelier multicolore. Je suis la seule adulte. Parmi les autres joueurs, il y a deux ados et tous les autres ont entre 3 et 6 ans.

C’est un peu surprenant de me retrouver là, « à égalité » avec des tout-petits. Ici, le cadre est le même pour tous, aucune distinction. En réalité, je vais m’en rendre compte petit à petit, ce sont eux mes maîtres. D’abord, parce que la plupart d’entre eux sont des habitués du lieu. Ils connaissent les règles et les habitudes mieux que moi. Mais surtout, parce qu’eux, ils savent jouer. Ils savent peindre juste comme ça leur plaît ; ils savent de quoi ils ont envie, là, maintenant. Ils sont eux-mêmes, sans auto-jugement.

 

Vanessa me dira plus tard qu’elle veille à ce qu’il y ait toujours une majorité d’enfants dans un atelier. S’il y a trop d’adultes, ils se sentent obligés d’entretenir une conversation polie…

 

 

Et me voilà face à ma feuille blanche.

Difficile de se lancer. Pas de consignes, aucune attente extérieure. Je suis face à moi-même.

En peignant, je prends conscience de mon auto-jugement. La pression que je me mets toute seule pour « bien faire ». Que ce soit joli, que les couleurs s’harmonisent, qu’il ne reste plus de blanc sur la feuille, etc. Je m’invente des exigences, des explications, pour pouvoir mieux me juger moi-même – négativement ça va de soi.

Difficile de se défaire de ce qui a été profondément ancré en nous : la peur de mal faire.

La première séance est donc plutôt éprouvante et je ne prends pas vraiment de plaisir à peindre. Par contre, l’observation des enfants qui peignent est un vrai régal. Je me délecte de leur simplicité, de leur spontanéité, de leur créativité. Ils sont absorbés dans le jeu, calmes et appliqués. Jamais en panne d’idée. L’un d’entre eux est en train de peindre une feuille entière de la même couleur, un violet improbable. Qu’est-ce que ça peut bien faire, si c’est ce qui lui fait plaisir ?

Le geste qui m’a le plus inspirée est celui d’une petite fille qui continue à peindre sans regarder sa feuille pendant qu’elle ramasse son doudou. C’est une révélation pour moi. Le résultat ne compte vraiment pas ; le plaisir du geste est roi.

 

Enfin dans le mouvement

La séance suivante, j’arrive à m’écouter davantage. Je débranche mon cerveau pour porter mon attention sur mon cœur, mes envies et mes mouvements. J’essaie de ne pas anticiper ou rechercher un résultat particulier. Je fais les gestes qui me plaisent. Je savoure leur amplitude, leur courbure, le glissé du pinceau. Ça y est, je suis entrée dans le jeu.

J’ai envie de plus grands mouvements, j’ajoute des feuilles, de l’espace rien que pour moi.

Quand j’arrive au bout d’un geste, d’une envie, je prends mon temps en contemplant la palette : « Quelle couleur m’attire ? De quelle couleur est-ce que j’ai envie ? »  Et tant pis si elle n’est pas assortie à ce qui est déjà sur le papier. J’ai compris.

Le résultat : du plaisir ! Vraiment, je me suis régalée. Je me suis amusée avec les mouvements, les sensations, les couleurs, la texture.

Et je me suis laissée surprendre par ce qui naissait sur la feuille devant moi, sans y accorder aucune importance. A l’atelier L’Où Jeu Peins, on ne produit aucune œuvre d’art. On n’emporte pas ses créations, on ne les photographie pas, on ne les expose pas, on ne les commente pas. La seule chose qui compte, c’est d’avoir joué.

Parce que c’est tellement puissant, d’être pleinement dans son corps, dans ses envies, d’être enfin soi-même, l’espace d’un instant, délivré de tout jugement.

Oui, vraiment, prénom, n’hésite pas à tenter l’expérience du jeu de peindre ! Ce type d’ateliers existe dans plusieurs villes de France et d’ailleurs.

A bientôt

Claire

 

Site internet de l’atelier L’Où Jeu Peins : http://loujeupeins.alter.eu.org/

*Arno Stern : https://www.arnostern.com/fr/

Extrait d’une série de 12 vidéos (4min15) : https://www.youtube.com/watch?v=r18SBq71nkY

One thought on “Entre nous, ça vaut le détour !

  1. Merci Claire pour ce beau témoignage. C’est toujours intéressant de voir comment cela est vécu de l’intérieur. Au plaisir de te retrouver à l’atelier ou au sein de tes animations. VANESSA

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